2021, l'année du dialogue social ?

Renouvelées et renforcées par les ordonnances de 2017, les relations sociales - et en particulier les CSE - ont connu avec la crise sanitaire un véritable baptême du feu. Un baptême réussi ? Les entreprises invitées par le Groupe IGS Formation Continue à présenter leur retour d'expérience, à l'occasion du webinar du 7 janvier 2021, en sont convaincues.

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Pour nombre d'entreprises, l'agenda 2021 sera en grande partie consacré à maintenir la dynamique impulsée pour faire face à la crise. "L'implication de nombreux acteurs sera nécessaire, estime Jean-François Guillot, en introduction du webinar dont il a été l'animateur. Les directions devront participer activement au dialogue social, les syndicats et IRP auront à gagner en crédibilité et les managers seront attendus sur leur rôle social."

Pour le président du cabinet de conseil Cardinale Sud, il faudra également "miser sur le terrain, oser la confrontation et créer les conditions de la confiance". L'année 2020, marquée par deux confinements et les premières conséquences de la crise sanitaire, a-t-elle permis de poser ou de consolider les bases d'une démarche constructive et apaisée? Elle aura a minima appelé de l'adaptabilité et de la réactivité. Ainsi l'accord de mesures d'urgence mis en place par Hermès International aura été négocié rapidement, en conf call.

Des échanges off et informels qui solidifient le dialogue social

"Nous avons réussi en recourant fortement aux échanges off, ce qui a permis d'aboutir en quelques jours", indique Antoine Cristau, directeur des relations sociales du groupe de luxe qui engage actuellement, toujours à distance, la refonte de ses relations sociales. Du côté de Décathlon, les réunions du CSE se sont multipliées en distanciel, avec une dizaine, voire plusieurs dizaines par région. Cette suractivité s'est révélée très utile, comme l'explique Jean-François Masse, directeur des relations sociales. "Nous avons limité le temps entre l'identification des besoins et les réactions et ainsi pu coller à la réalité de la crise et gérer sa dimension sanitaire." Trois accords collectifs importants, dont celui sur l'égalité femmes-hommes, ont par ailleurs été signés à l'automne.

L'année 2020 a également été prolixe du côté de Naval Group, avec la signature de plusieurs accords, dont un accord de GPEC. Pour Jacques Ziouziou, directeur de la politique sociale du groupe de défense navale, l'une des clés de réussite a été le contact continu avec les IRP. "Tous les soirs, des points téléphoniques informels se tenaient sur la situation sanitaire, son évolution, ses conséquences sur nos activités. Le contexte nous a permis de solidifier le dialogue social en faisant d'une contrainte une opportunité."

Vers un modèle hybride, ajusté à la nature et l'importance des réunions

Alors que 2021 s'ouvre, avec son lot de défis à relever, que retenir de cette expérience ? Pour Antoine Cristau, "il est crucial d'entretenir et de cultiver cette agilité. La situation a modifié en profondeur le recours à certains outils et leurs usages, avec par exemple de nombreux groupes WhatsApp qui permettent de prendre la température du dialogue. Le off, essentiel en négociation à distance, va sans doute se maintenir." Pour autant, le directeur des relations sociales d'Hermès International estime important de trouver un équilibre entre présentiel et distanciel, en fonction de la nature et des enjeux de la réunion. Pas question non plus pour Jacques Ziouziou de miser uniquement sur les outils numériques. "Les négociations reprennent en présentiel tandis que les réunions de partage d'informations peuvent rester en visio. Par ailleurs nous maintenons le principe de commissions ad hoc, informelles, pour faire avancer les différents sujets." Pour le directeur de la politique social de Naval Group, la transparence et la co-construction restent les deux leviers d'efficacité à privilégier - "avec des limites, comme l'absence de co-responsabilité des mesures prises. Il revient à la direction d'assumer les décisions."

Pour sa part, Jean-François Masse rappelle une limite importante du distanciel. "Le risque de non-participation est plus important en visioconférence. Il faut donc compenser avec du off, avec par exemple de la visio en one to one sans ordre du jour, pour impliquer chaque représentant". Aux yeux de Jean-François Guillot, "la technique a finalement renforcé les approches de négociation avec du off, de l'informel, ce qui ouvre à un enrichissement du dialogue social. Attention néanmoins à s'assurer de maintenir la qualité de la relation humaine."