Les transitions professionnelles en nette hausse

Pour sa quatrième édition, l’Observatoire des Trajectoires Professionnelles relève que les changements de cap professionnel n’ont jamais été aussi nombreux. Dans le même temps, les actifs méconnaissent le rôle positif de la formation et ses dispositifs, tout en sous-estimant la transformation des métiers.

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Pour sa quatrième édition, l’Observatoire relève que les changements de cap professionnel n’ont jamais été aussi nombreux. Dans le même temps, les actifs méconnaissent le rôle positif de la formation et ses dispositifs, tout en sous-estimant la transformation des métiers. L’étude, publiée par Adecco, LHH Altedia et le Groupe IGS, livre ainsi des enseignements précieux aux DRH.

Un actif sur trois a vécu une transition professionnelle en 2018. Un an plus tôt, cette proportion était seulement de un sur quatre. "Nous avons vécu une année record, confirme Ludovic Taphanel, enseignant-chercheur au sein de l’IGS-RH. Il n’y a jamais eu autant d’actifs occupés depuis 1975, et parmi eux 10 millions de personnes ont eu une transition professionnelle l’année passée." Une dynamique qui a particulièrement concerné les femmes, désormais aussi nombreuses que les hommes, et les 18-26 ans. Quelles sont leurs motivations ?

Pour le sociologue, deux tendances se dessinent : d’un côté, des mouvements court-termistes liés à la reprise du marché de l’emploi ; de l’autre, une manière de préparer l’avenir en sécurisant son parcours de carrière. Étonnamment, cette volonté de changement semble déconnectée des nouvelles technologies et de leurs conséquences sur les métiers. Lorsqu’on interroge l’ensemble des actifs du panel, huit sur dix estiment qu’elles n’auront pas, ou peu, d’impact sur leur activité professionnelle.

 

L’accompagnement des actifs comme défi n°1

 

Autre résultat étonnant : 17 % seulement des actifs envisagent la formation professionnelle pour se doter des compétences nécessaires à un nouveau métier. Du côté des outils et dispositifs de formation, la marge de progression reste importante. 70 % des personnes envisagent de se former pour faire évoluer leur carrière, mais moins d’une sur dix estime savoir comment recourir de façon autonome aux dispositifs de financement.

Quant à l’accompagnement, le défi reste entier : comme en 2017, près de la moitié du panel ignore vers qui se tourner pour bénéficier d’un soutien à une réorientation professionnelle, et 60 % des actifs estiment manquer d’informations sur les métiers et secteurs porteurs. Pour Ludovic Taphanel, "le principal enjeu qui se pose aux acteurs de l’emploi, dont les entreprises, concerne le besoin d’accompagnement".

 

Priorité aux soft skills

 

Un avis partagé par Jean-Yves Chameyrat, DRH du Groupe Stef : "Nous devons faire prendre conscience aux salariés que leurs métiers vont changer. Notre rôle est d’identifier ces transformations et de proposer des programmes de formation adaptés, au plus près du terrain." L’accompagnement peut débuter dès l’embauche, comme l’explique Marc François-Brazier, DRH du Groupe Casino : "L’avenir est sans doute dans un recrutement basé sur les soft skills. Dans ce cas, l’entreprise fait le pari de former elle-même les talents à ses métiers."

Si Patricia Ferrand, présidente de l’Unedic, encourage les entreprises à se doter "d’une vision anticipatrice de l’évolution des compétences" et les appelle à éviter "une polarisation entre métiers très qualifiés versus peu qualifiés, un risque associé aux transformations digitales", Laurent Nahon insiste pour sa part sur l’implication nécessaire des organismes de formation. "On observe une multiplication de dispositifs et de modalités d’apprentissage, explique le directeur général du Fongecif Île-de-France. L’accompagnement des actifs passe donc aussi par une redéfinition de l’offre de formation."
 

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