A quoi ressemblera la formation de demain ?

La crise sanitaire rebat les cartes des politiques RH et a des conséquences profondes et durables sur le développement des compétences. Comment impacte-t-elle la formation alors que l'offre distancielle et Digital Learning monte en puissance ? Quelles sont les pratiques inspirantes ? Eléments de réponse avec le webinar organisé par le Groupe IGS le 26 janvier.

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"C'est la première fois que l'on vit un tel changement contraint à l'échelle planétaire. Un changement qui nécessite de prendre du recul sur la période écoulée et de la hauteur pour identifier les modalités de formation qui feront l'avenir." Pour Paùlo Antonio Lopes, directeur formation continue de la filière RH du Groupe IGS, qui a animé le webinar avec Lamia Cherfaoui, directrice formation continue de la filière commerciale, il est indispensable de mener cette réflexion d'ampleur pour répondre aux défis posés par la crise.

Comment le digital s'adapte au cerveau apprenant

Le premier d'entre eux a été abordé par Cynthia Eid : en quoi le digital modifie-t-il nos manières d’apprendre ? Comme l'a rappelé la directrice de la pédagogie et de l'innovation du Groupe IGS, les fondamentaux ne changent pas : quel que soit le médium, l'apprentissage nécessite de l'implication, de l'attention, de la compréhension et de la mémorisation.

En revanche, le numérique nécessite de nombreuses adaptations, résumées ainsi par l'experte en neuropédagogie : "Capter et maintenir l'attention qui se dégrade avec la distance, par exemple en variant les supports, en jouant sur la gamification… ; scénariser le déroulement en misant sur des messages clés et en insérant plusieurs pauses de quelques minutes ; favoriser l'ancrage mémoriel en mobilisant notamment les émotions qui consolident les apprentissages ; ou encore jouer sur le multisensoriel".

Sept tendances liées aux impacts de la crise sanitaire

Ces recommandations sont d'autant plus précieuses que les formats digitaux ont pris une forte ampleur ces derniers mois comme le révèle l'étude Féfaur-Talentsoft dédiée à l'impact de la Covid-19 sur la formation dans les entreprises européennes.

Sept tendances ont été extraites des résultats par Michel Diaz, directeur général du cabinet Féfaur et responsable d'E-learning Letter : une rupture universelle et soudaine, "à l'impact durable, qui impose une rapide réinvention" ; l'accélération jamais vue du Digital Learning "avec le fort développement des plateformes LMS" ; le live comme nouveau format-clé "comme le montre l'utilisation de classes virtuelles par 77 % des entreprises européennes" ; le rééquilibrage des formations aux soft skills et aux hard skills, "soutenu par le passage au télétravail et une plus grande prise en compte des compétences comportementales" ; la montée en puissance de la thématique "bien-être" "demandée par près de 30 % des collaborateurs" ; le manager dans une nouvelle posture de coach, "appelant une relation renforcée avec les responsables formation" ; et la quadrature du cercle, "consistant à investir dans le digital alors que les budgets diminuent".

Gamification, IA et mises en situation

Du côté des entreprises, il y a bien "un avant et un après" comme en témoigne Loïk Allain, responsable formation & développement des compétences chez Derichebourg : "Deux semaines avant le premier confinement, nous avons lancé notre première plateforme LMS et mis sur pied deux modules sur la Covid-19 et deux autres sur le télétravail. Aujourd’hui 95 % des formations sont en classe virtuelle, une tendance qui va rester."

L'opérateur de services aux entreprises ne compte pas diminuer son budget formation et souhaite au contraire développer des modules métiers, "une demande forte de l'interne". La gamification de la formation et le recours à l'IA pour simuler les gestes techniques sont également au programme. "On constate peu de décrochage des collaborateurs en formation : les programmes sont conçus avec les opérationnels, basés sur les besoins du terrain et associés à des mises en situation, et nous portons une grande attention à l'animation ludo-pédagogique", précise Loïk Allain.

Plusieurs points de vigilance pour favoriser un Digital Learning de qualité

Chez Engie, l'adaptation a été beaucoup moins importante. "Nous disposions déjà de nombreux outils digitaux, comme les classes virtuelles, et animions régulièrement des learning weeks", indique Vincent Gailhaguet. Peu de changements ont dû être opérés, à l’exception du programme Booster, dédié au développement de talents, qui a été réorganisé en digital. Le directeur du développement des talents du groupe énergétique met l'accent sur quelques points de vigilance, comme la qualité de l'intervenant – "un vrai enjeu de captation de l'attention et d'interaction » –, l'importance de préserver le lien social, avec par exemple la mise en place de chats, et le besoin de recourir au feedback "pour animer efficacement les communautés d'apprenants".

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